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  • Les voeux de Véronique Cayla, Présidente du CNC.

    Véronique Cayla, Présidente du CNC, a présenté ses vœux aux professionnels le mardi 19 janvier 2010 à la Cinémathèque française.

     

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    Suivez ce lien pour voir la vidéo de l'intervention

     

    Voici une synthèse des vœux de la Présidente du CNC :

    A cette occasion, Mme Cayla a rappelé les propos du producteur Daniel Toscan Du Plantier, tristement décédé cette année : "la France se doit d’être « le chef de file d’un autre cinéma », celui d’un cinéma qui ne soit « pas du superflu, pas un ornement, mais une façon de voir le monde, une façon de vivre, une idée de l’éternité."

    Il ne s'agit pas de nier la dimension de divertissement du cinéma. Le cinéma français se doit ainsi de concilier le marché et l'auteur, et "de régler au plus juste, le rapport toujours délicat entre la création et l’industrie." Le cinéma français doit profiter de la diversités des entreprises de production françaises, "des plus petits artisans jusqu’aux majors à la française."

    La crise a touché le cinéma français, notamment à l'exportation. Face à ces difficultés le CNC a décider d'augmenter l’enveloppe de l'avance sur recettes en 2010. Plus que jamais le cinéma français a besoin de l'aide de l'État pour résister à la concurrence américaine. Mme Cayla rappelle ainsi que l'une des missions principale du CNC est de protéger la diversité culturelle. Les technologies numériques en particulier ont bouleversé le secteur de la création en augmentant leur vulnérabilité : "Le risque d'hégémonie américaine qu’il (Toscan Du Plantier) redoutait et que nous avons su contenir pour le cinéma, est encore plus fort aujourd’hui dans l'univers numérique pour la création française et européenne." A cela Mme Cayla ajoute : "le combat pour l’existence et le renforcement de notre identité culturelle numérique est primordial".

    Face à ces changements, le rôle du producteur est renforcé : "Les pratiques anciennes fondées sur un nombre de diffuseurs très limité, doivent être réinventées". Le CNC doit accompagner ces changements afin de repenser en profondeur les relations entre les diffuseurs et les producteurs. Véronique Cayla précise que la priorité accordée à la production cinématographique en 2009 est maintenue en 2010. Il s'agit surtout de ne pas abandonner les ambitions qui font la force du cinéma : "Dans cette période délicate, la clé, ce n’est certainement pas de choisir la frilosité, le repli et le recours aux recettes toutes faites, mais c’est au contraire, mettre l’accent sur l’innovation, l’imagination, la prise de risque et l’inventivité".

    Avec plus de 200 millions d’entrées, l'année 2009 a atteint un record en terme de fréquentation. Malgré cela, de nombreuses salles de provinces sont en difficultés. Le CNC a ainsi décidé de renforcer, en 2010, son soutien en direction des salles les plus vulnérables dans le cadre de l’aide aux salles art et essai.

    L'un des grand chantier à venir reste la numérisation, des œuvres et des salles. Le CNC souhaite accompagner cette révolution, source de bouleversements mais aussi d'espoir, par le lancement d'une grand programme de numérisation : "Offrant une numérisation optimale en 2K ou en HD, ce programme de numérisation sera particulièrement bénéfique pour renforcer l’attractivité de la création française à l’international et faciliter les exportations".

    Pour finir, Véronique Cayla a rappelé que la solidarité et "l’esprit de famille" du cinéma était essentiel.

    Les chiffres clés de la production cinématographique 2009

    Le CNC a également profité de cette occasion pour rendre public les chiffres clés de la production cinématographique 2009 : 230 films ont été agréés en 2009 pour 1,1 milliard d’euros investis.

    Suivez ce lien pour consulter ces chiffres.

     





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  • Le rapport du "Club des 13"

    Le 24 février 2007, Pascale Ferran recevait cinq césars pour son film Lady Chatterley. Cet honneur fut l’occasion pour elle d’exprimer son ressentiment sur ce qu’est devenu le fonctionnement du cinéma français.



    A la suite de ce discours, Pascale Ferran a créé le club des treize. Ce groupe de travail n’obéissant à aucune règle de représentation professionnelle ou syndicale, avait pour but de comprendre les difficultés actuelles de fabrication et d’exposition dans le cinéma français et de proposer des solutions. Ils publièrent leur rapport à la fin de l’année 2007.

     

     

    Voici les principaux points de leur constat :

    "Le Milieu n'est plus un pont mais une faille"

    "On continue à vivre sur l'idée que le cinéma est à la fois un art et une industrie (puissance de la pensée de Malraux), alors qu'entre temps, il est devenu essentiellement un commerce. La marchandisation actuelle du cinéma vient de la prise de pouvoir, en tenaille, du petit et des grands écrans. C'est-à-dire la substitution du pouvoir des producteurs par celui des diffuseurs : la télévision d'un côté, les grandes groupes d'exploitation de l'autre. "

    “Et si, d'un côté, les directeurs d'antenne ont intérêt à ce que leurs filiales produisent des films profilés pour la télévision ; de l'autre, les multiplexes ont intérêt à une offre surabondante de films fortement médiatisés. La qualité des films compte moins alors que leur visibilité ou leur budget de promotion.

    Le rapport (qui se garde d'opposer caricaturalement les “bons” films d'auteur aux “mauvais” films commerciaux) démonte le mécanisme redoutable et pervers qui entraîne une uniformisation de l'offre. Parmi les principaux motifs d'inquiétude :

    • La perte d'influence du producteur, au profit, notamment, des chaînes de télévision. Ces dernières financent en partie le cinéma (la loi les y contraint) mais privilégient des “produits” susceptibles de satisfaire l'audimat (et de rafler les recettes publicitaires afférentes) lors de leur diffusion cathodique. A la limite, peu importe la qualité du film et son destin commercial lors de son exploitation en salles…
    • La bipolarisation dramatique dans la production. D'un côté d'énormes budgets, en constante augmentation, alloués à des films la plupart du temps ultra-prévisibles. De l'autre des financements minimaux pour des fictions vouées de ce fait à la ghettoïsation. Au “milieu” -là où se niche la diversité- des films ambitieux à vocation populaire qui souffrent (pour les budgets moyens -4 à 7 millions d'euros- seulement 19 films produits en 2006, contre 49 en 2004).
    • Le formatage des scénarios, lié aux diktats télévisuels et à l'autocensure qui en découle :

    “Il faut écrire des films qui puissent être financés par les télévisions si l'on ne veut pas prendre le risque de devoir soit abandonner son projet, soit le tourner dans des conditions qui le mettent en péril.

    ‘D'une certaine façon, les télévisions n'ont même plus à intervenir frontalement sur le scénario. La beauté du système, sa puissance, réside même en cela : dans la majorité des cas, les réalisateurs et leurs producteurs, ont intégré tout ou partie de leurs demandes implicites dès la conception du film.’ (p.35)

    • Selon le même principe de l'uniformisation, la prédominance sur les écrans d'une poignée de comédiens jugés ‘incontournables’ par les décideurs et donc systématiquement privilégiés. (‘La liberté totale de casting est devenue en France une exception.’, p.41). Corollaire : le rôle prépondérant des agents (‘plus difficiles à joindre que les artistes qu'ils représentent’), faisant parfois la pluie et le mauvais temps dans le métier.
    • La précarisation (voire la paupérisation) dont souffrent de très nombreux scénaristes, maillons pourtant essentiels dans la fabrication des films.

    Les mesures pour remédier à cette situation

    Ils proposent treize mesures pour remedier à cela. En voici quelques unes :

    1. L’intégralité du Fonds de Soutien Automatique Production généré par un film revient au seul producteur délégué.

    2. 7,5% de ce Fonds de Soutien est réservé à l’écriture.

    3. Modification du barème de répartition du Fonds de Soutien Automatique production.

    4. Doublement de la dotation de l’Avance sur Recettes et réforme des collèges.

    5. Majoration de 25% du Fonds de Soutien Automatique Distribution pour les distributeurs investissant un Minimum Garanti dans les films agréés français produits sans chaîne de télévision coproductrice.

    6. Suppression du Fonds de Soutien Automatique Distribution pour les sociétés adossées à un diffuseur.

    Les membres du club des treize sont : Cécile Vargaftig (scénariste), Jacques Audiard, Pascale Ferran, Claude Miller (cinéastes), Denis Freyd, Arnaud Louvet, Patrick Sobelman, Edouard Weil (producteurs), Fabienne Vonier (distributrice), Stéphane Goudet, Claude-Eric Poiroux, Jean-Jacques Ruttner (exploitants), François Yon (exportateur).

     

     

     

     


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  • Le financement du cinéma

    Ce debut d'année est l'occasion de faire le bilan de l'année 2009 et de rappeler les spécificité du systeme de financement du cinéma français.

     

    Bilan de l'année 2009

    L'année 2009 marque un recul de la production cinématographique, après une année 2008 particulièrement exceptionnelle :

    - 26 % des investissements et - 4 % du nombre de films produits


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    Il n'y a pourtant pas lieu de s'inquiéter. Cette baisse est à relativiser en raison d'une année 2008 plutôt atypique qui a compté 3 films présentant un budget supérieur à 40 M€ contre 0 en 2009 : « Arthur et la guerre des deux mondes » et « Arthur et la vengeance de Maltazard », deux productions signées EuropaCorp, ainsi que « Océans », le documentaire de Jacques Perrin. L'année 2009 renoue ainsi avec les niveaux des années 2003 à 2007.


    230 films de long métrage ont obtenu l’agrément du CNC au cours de l’année 2009, pour un investissement total de 1,1 milliard d'euros.


    Pour mettre ce chiffre en perspective, comparons le avec le budget des principales chaines de télévision : 6877 M€ pour TF1, M6 et France Télévision réunis, soit un budget 6 fois plus important...

    ...ou même aux recettes du film Avatar de James Cameron, qui feraient tourner la tête de tous les producteurs français. Après sept semaines en tête du box office américain, le film a rapporté plus de 2 milliard d'euros, soit presque deux fois plus que le budget du cinéma français à lui seul.


    Comment le cinéma est il financé en France ?

    En France, le financement du cinéma est une mosaïque difficile à décrypter (voir ci-dessous). Et il revient au CNC d'assurer la cohésion et l'équilibre de cet ensemble


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    Les sociétés de production et les chaînes de télévision demeurent les principaux financiers des films français (avec respectivement 26 % et 27 % des investissements). Les mandats (distribution en salles, édition vidéo, exploitation à l’étranger) avancés par les distributeurs en prévision des recettes, représentent quant à eux environ 25 % des financements totaux. Suivent ensuite l'apport des SOFICA, des producteurs étrangers, du soutien automatique et des aides publiques qui représentent un peu moins du quart restant.


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    Le système français est unique et fait office de modèle pour de nombreux pays de part le monde. Troisième cinématographie du monde derrière les États-Unis et l'inde, la France est une exception. La part du cinéma français a ainsi dépassé les 45 % en 2008, alors que dans la quasi totalité des pays du monde, le cinéma national plafonne à 15% de part de marché.

    L'avance sur recettes, dont bénéficie chaque année une quarantaine de films (dont une bonne part de premiers films), institué par Malraux en 1959 est le plus grand symbole de ce système atypique. Il dénote le soucis de préserver la diversité des genres et de soutenir un cinéma indépendant dont l'économie est souvent difficile. Il est pourtant marginal puisqu'il ne représente qu'une enveloppe de 17 M€ en 2008.

    L'une des grandes forces du système français réside dans le compte de soutien. Conçu à l'origine pour être temporaire à l'après guerre pour relancer la production cinématographique française, il a survécu jusqu'à aujourd'hui malgré les critiques de l'industrie cinématographique américaine qui voit d'un très mauvais œil les subventions nationales, considérées comme une atteinte à la libre concurrence. Le compte de soutien a longtemps été financé par une taxe sur le prix des billets de cinéma de l'ordre de 11 % (TSA pour Taxe Spéciale Additionnelle), avant que s'y ajoute une taxe sur les recettes des chaines de télévision. Le principe de la TSA est particulièrement astucieux puisque c'est un moyen détourné de taxer les films étrangers. Car si tous les films en salles y sont soumis (les principaux contributeurs sont ainsi les films français et américains), cette taxe ne profite qu'aux producteurs français. Ainsi paradoxalement, le soutien au cinéma français est financé par son principal concurrent, le cinéma américain.


    Les investissement des chaines de télévision dans le cinéma sont également fortement réglementés. Elles doivent non seulement respecter des quotas de diffusion d’œuvres cinématographiques (au moins 40% d'œuvres d’expression originale française), mais elles sont aussi soumises à des obligations de production (2,5 % du chiffre d’affaires pour les chaines hertziennes en clair). Sans cette contrainte les chaines se seraient surement massivement désengagés car depuis quelques années le cinéma ne fait plus recettes à la télévision et les audiences sont décevantes pour les chaines.

    Le cinéma français repose donc sur un mode de financement mixte public/privé qui combine des aides de l'État (aides sélectives + aides automatiques) à des obligations de financement des chaînes de télévision (auxquels s'ajoutent par ailleurs plusieurs instruments fiscaux comme les SOFICA ou le crédit d'impôt). C'est la force et la faiblesse du cinéma français. Il permet de préserver sa diversité, mais il augmente aussi sa dépendance à l'égard de sources de financement externes. Pour certains, par exemple, le mariage entre le cinéma et la télévision est un mariage contre nature qui entraine une baisse générale de la qualité des films.


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  • Interview

    Dans le cadre de ce blog, nous nous étions donné pour mission de réaliser de réunir divers contenus, vidéo, textes ou images afin de dessiner une image du CNC, fragmentaire certes, mais proche de notre vision personnelle. Nous nous interrogeons en particulier sur le fonctionnement de cette institution et son rôle dans le financement de la production audiovisuelle en France. Nous souhaitons également rendre compte des grands enjeux auxquels le cinéma français va être confronté dans les années à venir.



    Afin de répondre à ces questions, nous avons interviewez Mr Danard, Directeur du Service des Études, des Statistiques et de la prospective du CNC.

    Voici un petit florilège de ses réponses :





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