• #3 CNC

    Le financement du cinéma

    Ce debut d'année est l'occasion de faire le bilan de l'année 2009 et de rappeler les spécificité du systeme de financement du cinéma français.

     

    Bilan de l'année 2009

    L'année 2009 marque un recul de la production cinématographique, après une année 2008 particulièrement exceptionnelle :

    - 26 % des investissements et - 4 % du nombre de films produits


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    Il n'y a pourtant pas lieu de s'inquiéter. Cette baisse est à relativiser en raison d'une année 2008 plutôt atypique qui a compté 3 films présentant un budget supérieur à 40 M€ contre 0 en 2009 : « Arthur et la guerre des deux mondes » et « Arthur et la vengeance de Maltazard », deux productions signées EuropaCorp, ainsi que « Océans », le documentaire de Jacques Perrin. L'année 2009 renoue ainsi avec les niveaux des années 2003 à 2007.


    230 films de long métrage ont obtenu l’agrément du CNC au cours de l’année 2009, pour un investissement total de 1,1 milliard d'euros.


    Pour mettre ce chiffre en perspective, comparons le avec le budget des principales chaines de télévision : 6877 M€ pour TF1, M6 et France Télévision réunis, soit un budget 6 fois plus important...

    ...ou même aux recettes du film Avatar de James Cameron, qui feraient tourner la tête de tous les producteurs français. Après sept semaines en tête du box office américain, le film a rapporté plus de 2 milliard d'euros, soit presque deux fois plus que le budget du cinéma français à lui seul.


    Comment le cinéma est il financé en France ?

    En France, le financement du cinéma est une mosaïque difficile à décrypter (voir ci-dessous). Et il revient au CNC d'assurer la cohésion et l'équilibre de cet ensemble


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    Les sociétés de production et les chaînes de télévision demeurent les principaux financiers des films français (avec respectivement 26 % et 27 % des investissements). Les mandats (distribution en salles, édition vidéo, exploitation à l’étranger) avancés par les distributeurs en prévision des recettes, représentent quant à eux environ 25 % des financements totaux. Suivent ensuite l'apport des SOFICA, des producteurs étrangers, du soutien automatique et des aides publiques qui représentent un peu moins du quart restant.


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    Le système français est unique et fait office de modèle pour de nombreux pays de part le monde. Troisième cinématographie du monde derrière les États-Unis et l'inde, la France est une exception. La part du cinéma français a ainsi dépassé les 45 % en 2008, alors que dans la quasi totalité des pays du monde, le cinéma national plafonne à 15% de part de marché.

    L'avance sur recettes, dont bénéficie chaque année une quarantaine de films (dont une bonne part de premiers films), institué par Malraux en 1959 est le plus grand symbole de ce système atypique. Il dénote le soucis de préserver la diversité des genres et de soutenir un cinéma indépendant dont l'économie est souvent difficile. Il est pourtant marginal puisqu'il ne représente qu'une enveloppe de 17 M€ en 2008.

    L'une des grandes forces du système français réside dans le compte de soutien. Conçu à l'origine pour être temporaire à l'après guerre pour relancer la production cinématographique française, il a survécu jusqu'à aujourd'hui malgré les critiques de l'industrie cinématographique américaine qui voit d'un très mauvais œil les subventions nationales, considérées comme une atteinte à la libre concurrence. Le compte de soutien a longtemps été financé par une taxe sur le prix des billets de cinéma de l'ordre de 11 % (TSA pour Taxe Spéciale Additionnelle), avant que s'y ajoute une taxe sur les recettes des chaines de télévision. Le principe de la TSA est particulièrement astucieux puisque c'est un moyen détourné de taxer les films étrangers. Car si tous les films en salles y sont soumis (les principaux contributeurs sont ainsi les films français et américains), cette taxe ne profite qu'aux producteurs français. Ainsi paradoxalement, le soutien au cinéma français est financé par son principal concurrent, le cinéma américain.


    Les investissement des chaines de télévision dans le cinéma sont également fortement réglementés. Elles doivent non seulement respecter des quotas de diffusion d’œuvres cinématographiques (au moins 40% d'œuvres d’expression originale française), mais elles sont aussi soumises à des obligations de production (2,5 % du chiffre d’affaires pour les chaines hertziennes en clair). Sans cette contrainte les chaines se seraient surement massivement désengagés car depuis quelques années le cinéma ne fait plus recettes à la télévision et les audiences sont décevantes pour les chaines.

    Le cinéma français repose donc sur un mode de financement mixte public/privé qui combine des aides de l'État (aides sélectives + aides automatiques) à des obligations de financement des chaînes de télévision (auxquels s'ajoutent par ailleurs plusieurs instruments fiscaux comme les SOFICA ou le crédit d'impôt). C'est la force et la faiblesse du cinéma français. Il permet de préserver sa diversité, mais il augmente aussi sa dépendance à l'égard de sources de financement externes. Pour certains, par exemple, le mariage entre le cinéma et la télévision est un mariage contre nature qui entraine une baisse générale de la qualité des films.


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