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    Avec l'effondrement de l'industrie musicale, le clip a aussi subi de fortes restrictions budgétaires.

    A l'inverse des débuts prometteurs où le clip était considéré comme le petit frère du cinéma (cf article sur Thriller), les difficultés financières rencontrées par les sociétés de production vont faire apparaitre de nouveau schéma : sponsoring grâce au placement de produit, mise en scène minimaliste (on film les interprètes)...

    Mais c'est aussi à ce moment là que le clip va s'émanciper complétement.

    Dans le clip This Too Shall Pass, le groupe OK GO s'oppose fortement au cinéma hollywoodien et ses effets spéciaux toujours plus couteux. 

    ""Back to mechanical" into visual action. With the intention to create "cool stuff which you can see is also really real""[1].

    Cette nouvelle tendance plait beaucoup au public. Elle prendra en 2008 le nom de « sweded », avec la sortie du film de Michel Gondry « Be kind, Rewind ».
    Dans ce film, le personnage principal efface tous les films du magasin de location vidéo de son ami. Tous deux décident alors je re-tourner ensemble ces films, avec les moyens du bord. Ils disent à leur client que ce sont des remake Suédois (Swedish en anglais), ce qui justifient le coût et l’attente pour la location. (cf trailer)


    Les travaux « faits main » deviendront alors « sweded ».

     

     


    [1] KEAZOR H, WÜBBENA T, Rewind, Play, Fastforward, The past, present and future of the music video, 2010 transcript, p.18 à propos Harlow 2010.


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  • Même si l’existence du vidéoclip ne trouve pas ses origines dans le clip Thriller de Michael Jackson, celui-ci a joué un rôle particulièrement important dans l’histoire de ce format.

    Cette œuvre audiovisuelle de presque 14 minutes est réalisée en 1982 par John Landis et appartient donc à la catégorie des premiers vidéoclips diffusés à la télévision.

    Ce vidéoclip présente plusieurs spécificités qui en font une œuvre incontournable pour notre sujet.

    Tout d’abord, c’est un des premiers clips à être utilisés dans une visée purement publicitaire puisque ce clip sert tout d’abord à la promotion de l’album Thriller de Michael Jackson. Annoncé dés sa sortie comme World Premiere à être diffusé sur la chaîne MTV, il participera à lancer l’album Thriller à l’internationale. 

    La première diffusion se déroule sur MTV le 2 Décembre 1983, et le clip, disponible sur internet à aujourd’hui passé la barre des 100 millions de vues sur Youtube  au coté d’artistes bien plus récents. En effet, sur les 41 artistes possédant un clip dépassant les 100 millions de vues il n’y a que Thriller d’antérieur à 2003. Cependant, Thriller n’est pas, comme certains le disent, le clip le plus visionné de l’histoire, puisqu’il arrive bien loin derrière Baby de Justin Bieber et ses 741 millions de vues. Cette place au palmarès prouve tout de même le succès de la stratégie promotionnelle mise en place par Michael Jackson.

    Cependant, ce clip ne relève pas uniquement de l’objet publicitaire. En effet, il sera, dés sa sortie et aujourd'hui encore, souvent qualifié de court-métrage musical. Cela s’explique d’une part par son format, plus long que les vidéoclips classiques, mais aussi par son écriture. Pour la première fois, le vidéoclip se rapproche du court-métrage et donc du cinéma en répondant aux normes souvent appliquées au grand-écran. C’est-à-dire que John Landis et Michael Jackson travaillent ensemble à l’élaboration d’un scénario, plus particulièrement d’une fiction d’horreur qui prends vie autour de deux personnages principaux. Ainsi, ce clip présente aussi un générique de début et un générique de fin, à l'image des longues productions. Ceci est trés inhabituel et trés peu de clips le proposent aujourd'hui. Nous reviendrons d'ailleurs plus tard sur ce sujet.

    La référence au cinéma de ce clip est encore plus présente que son format ou son écriture. Le récit commence sur une véritable mise en abîme puisque les deux personnages de l’intrigue sont au cinéma. Un cinéma en hommage à Vincent Price, puisqu’en néons apparaît sur la façade du cinéma « Vincent Price – Thriller », acteur américain spécialisé dans les films d’horreur, . Il se trouve que Vincent Price a aussi prêté sa voix à la chanson Thriller.

    De plus, le clip commence par une citation de Michael Jackson « Due to my strong personal conviction, I wish to stress that this film is in no way endorses a belief in the occult »[1]. Il aborde ainsi cet objet audiovisuel sous l’angle d’un film.

    Pour Yves Gautier[2] c’est la musique qui est au service du clip ici car comme on peut le constater, Michael ne commence pas à chanter avec la musique. En effet, la musique démarre alors que son amie quitte le cinéma. Michael arrive sur ses talons mais tandis que le volume sonore musical diminue, Michael comment à converser avec elle.

    Par conséquent, la musique sert ici le récit. Ainsi, ce vidéoclip est un objet indépendant.

    Yves Gautier qualifie d’ailleurs ce clip d’ « Ovni télévisuel ». Pour lui « ces 13 minutes vont bouleverser à jamais les canons du video clip: effets spéciaux, créativité débordante, originalité, qualité exceptionnelle des chorégraphies caractérisent ce clip qui est encore aujourd'hui un monstre sacré du paysage audiovisuel mondial ».

    Il ne faut pas non plus oublier que le succès du clip est aussi le reflet de la société de l’époque. En effet, Thriller est un des premiers clips de musicien noir diffusé à la télévision. Il marque donc un tournant artistique mais aussi sociétale.

     

    Pour Yves Gautier, ce clip est un objet plural qui démontre alors à la planète entière que Michael Jackson est à la fois un chanteur de talent et un danseur incroyable ; Qu’il est capable, en s’entourant des meilleurs, de produire l’album le plus vendu de tous les temps, mais aussi un clip qui relève du chef d’œuvre. Il devient dés lors une référence indétrônable, une idole mondiale.

    Sur ce point, Isabelle Stegner-Petitjean s’accorde avec Yves Gautier en disant qu’ « outre l’aspect corporel, nous verrons que cette pluralité est sous-tendue autant par un travail vocal dirigé par un professeur issu du monde lyrique, Seth Riggs, que le recours spontané à des modes d’expression plus originels ou moins esthétisés »[3].

     

    A travers ce clip, Michael Jackson démontre donc qu’il est un article aux multiples facettes, mais aussi que le vidéoclip peut relever à la fois de l’objet publicitaire et de l’œuvre d’art. 

     

    Pour accéder à toutes les informations techniques, rendez-vous ici => http://www.mvdbase.com/video.php?id=14141

     

     


    [1] « En raison de ma forte conviction personnelle, je tiens à souligner que ce film n’approuve en aucun cas une croyance en l’occultisme »

    [2] Gautier Y, Michael Jackson : de l’autre coté du miroir, Editions Publibook, 2005

    [3] Stegner – Petitjean I, « The Voice in The Mirror » Michael Jackson d’une identité vocale à une mise en image sonore, Volume ! [En ligne], 8 : 2 | 2011, mis en ligne le 15 décembre 2013. URL : http://volume.revues.org/2760 


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