• Henry Cartier-Bresson par Cécile Delayen

    Henry Cartier-Bresson, Séville, Espagne, 1933

    Henry Cartier-Bresson, Séville, Espagne, 1933 

     

    J’ai choisi d’analyser cette photo d’Henri Cartier-Bresson, photographe français pionnier du photo journalisme et fondateur de l’agence Magnum Photos. Grand photographe du XXème siècle, le regard qu’il a porté sur les évènements majeurs de l’Histoire lui valut le surnom d’« œil du siècle ».

    Cette photographie argentique a été prise en 1933, à Séville. Elle fait partie d’un reportage réalisé par Henri Cartier-Bresson, commandé et publié par l’hebdomadaire Vu.

    A la première lecture de cette image, on voit de jeunes garçons jouant dans dans un lieu dévasté. Un trou béant fait frontière entre le premier plan et l’arrière plan, formant ainsi un cadre dans le cadre et une mise en abyme du sujet (les enfants). Le cadrage en plan moyen et la profondeur de champ donnée par le trou dans le mur, permettent d’avoir une vision d’ensemble de la scène. Le décor et les visages inquiets des enfants confèrent immédiatement un sentiment de gravité.

    La succession de plans symbolise les différentes étapes traversées par ces enfants et nous fait nous interroger :

    •  à l’arrière plan : que s’est-il passé ?
    •  au second plan : le trou dans le mur symbolise la transition et le moment présent.
    •  au premier plan : que vont devenir ces enfants, cette génération?

    .

    De plus, Cette succession de plans met en avant les oppositions présentes dans cette photographie. Il y a donc un contraste entre le passé et le futur, entre le clair et le sombre, dans la construction de l’image avec un ordre visuel qui s’oppose au chaos de la scène mais aussi entre la mort et la vie. En effet les traces d’affrontements (la destruction, les impacts de balles sur le mur, le garçon en arrière plan qui menace de jeter une pierre) et l’habillement modeste des enfants indiquent un contexte de misère ; ce qui s’oppose à la présence même des enfants qui jouent, preuve que la vie continue.

    Par ailleurs, le regard des enfants et le fait que certains soient en mouvement, montrent le caractère soudain de la photographie. Les enfants regardent l’objectif, soit le photographe lui-même, comme pour l’interroger. Cette photo est donc le point de vue subjectif du photographe à un instant T, il est donc intradiégétique.

    En focalisant les regards, Henry Cartier-Bresson permet au monde d’entrer dans l’univers de ces enfants livrés à eux-mêmes, accueilli par celui qui lui ouvre les bras.


    Cécile Delayen

     

    source image: http://2.bp.blogspot.com/_aHfwOmjjNvk/TAFlEx8X7EI/AAAAAAAAIfI/C7L18i3PIuA/s1600/henri-cartier-bresson+seville+spain.jpg


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 30 Décembre 2010 à 09:16

    Cette image renvoie à la photo (prise également en Espagne, à une autre époque) qui inaugure cette rubrique (voir ci-dessous). La mort, la fenêtre, le cadre, le trou manifestent l'irruption de l'invisible dans le présent comme vous le décrivez avec talent.


    JPD

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