• André Kertész - La fourchette

    André Kertész - La fourchette

     André Kertész - La fourchette, Paris 1928 - The Art Institute of Chicago (Ada Turnbull Hertle Fund 1984.593)

    Présentation du contexte et de l'auteur

    J'ai choisi cette image photographique puisque je suis resté fasciné de l'exposition sur André Kertézs, organisée à la Galerie Nationale du Jeu de Paume, l'un des meilleurs représentants de l'avant-garde photographique à Paris. Reconnu aussi internationalement pour les nouveaux apports à la photographie du XXe siècle, Kertész a montré comment tous les aspects du monde, du plus banal au plus important, ils méritent d'être photographié. Cette photographie, en blanc et noir, est de 1928. Ce sont les ans dans lesquels, en raison de la dépression post-guerre en Hongrie, Kertész s'installe à Paris, où il y a déjà d'autres artistes importants d'avant-garde, comme Man Ray, Piet Mondrian, Étienne Beöthy.

    Analyse

    Le point de vue est extradiégétique, puisque l'observateur reste extérieur au contexte de l’événement.

    Le cadre est de petites dimensions (hauteur = 0.203 m; longueur = 0.253 m).

    Le champ est constitué d'une fourchette sur un plat, et les leur respectives ombres. La valeur du plan est le gros plan (GP), mis au point sur le manche de la fourchette (le plat et les dents sont, en fait, flous).

    L’angle de prises de vues est à trois quarts droit sur la projection horizontale (la ligne guide de la fourchette va du bas-droit pour culminer en haut-gauche) et en plongée sur la projection verticale.

    La profondeur de champ est indéfinie, puisque l'horizon est flou. Mais cette perspicacité technicien peut être utilisé pour mettre encore mieux l’accent sur l'objet photographié.

     Interprétation personnelle

    Cherchant toujours à exploiter les innovations qui lui permettent de «donner à penser» la réalité, Kertész joue subtilement sur l’alternative d'ombres et de doubles (entre présence et absence). Il se caractérise par ce que Annie Laure Wanaverbecq, co-commissaire de l'exposition, appelle liberté du style. Il n'utilise pas systématiquement des techniques photographiques précises, mais il est toujours à l'affût de ce qui peut arriver autour de lui, et à intervenir entre la réalité et lui-même; donc il y a quelque chose de très personnel. Ses photographies ne sont pas simplement descriptives, mais transmettent quelque chose, une partie de lui, des ses émotions. Mais il y a une limite que je pense ne doit pas à surmonter. Surtout les thèmes de la solitude et des ombres, peuvent mettre le photographe dans le mouvement artistique (pictural) de la Métaphysique, laquelle se développe au début du XXe siècle et a été d'une importance fondamentale pour de nombreux artistes du Surréalisme.

     En analysant la photo La fourchette , l'ombre individuelle porte une dimension presque métaphysique: dans le prolongement du sujet qui l'engendre, elle en représente la part inquiétante; détachée de son origine par le cadrage, elle se substitue au personnage, et devient la figure de son absence. Se référant au monde des idées de Platon, on pourrait dire que la fourchette est la représentation essentiel et raffinée d'une idée (l'idée d'une fourchette, en fait), purifiés à partir de toutes les éventualités, mais pas tellement d'être abstraite (le fourchette est sur un plaque: c'est pour cette que l'objet n'est pas complètement dépouillé de son identité comme un outil). Mais je ne pense pas que Kertész était si "cérébrale". Il y a sûrement des photographies plus rigoureuse qui véhiculent des émotions subtiles, mais il y a aussi d'œuvres spontanées et immédiates. La photo de la fourchette est une image beaucoup simple, nu, mais en même temps, qu'elle doit être contemplé, et pas seulement regardé.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Michel-Italie
    Samedi 8 Janvier 2011 à 19:34


    «Je ne documente jamais, j'interprète toujours avec mes images. C'est la grande différence entre moi et beaucoup d'autres. [...] J'interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois, mais ce que je ressens.» [André Kertész]


    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Michel-Italie
    Jeudi 13 Janvier 2011 à 16:29

    Sources: depliant de l'exposition et informations générales sur le site de la galerie nationale du Jeu de Paume aussi.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :