• #2 CNC

    Le rapport du "Club des 13"

    Le 24 février 2007, Pascale Ferran recevait cinq césars pour son film Lady Chatterley. Cet honneur fut l’occasion pour elle d’exprimer son ressentiment sur ce qu’est devenu le fonctionnement du cinéma français.



    A la suite de ce discours, Pascale Ferran a créé le club des treize. Ce groupe de travail n’obéissant à aucune règle de représentation professionnelle ou syndicale, avait pour but de comprendre les difficultés actuelles de fabrication et d’exposition dans le cinéma français et de proposer des solutions. Ils publièrent leur rapport à la fin de l’année 2007.

     

     

    Voici les principaux points de leur constat :

    "Le Milieu n'est plus un pont mais une faille"

    "On continue à vivre sur l'idée que le cinéma est à la fois un art et une industrie (puissance de la pensée de Malraux), alors qu'entre temps, il est devenu essentiellement un commerce. La marchandisation actuelle du cinéma vient de la prise de pouvoir, en tenaille, du petit et des grands écrans. C'est-à-dire la substitution du pouvoir des producteurs par celui des diffuseurs : la télévision d'un côté, les grandes groupes d'exploitation de l'autre. "

    “Et si, d'un côté, les directeurs d'antenne ont intérêt à ce que leurs filiales produisent des films profilés pour la télévision ; de l'autre, les multiplexes ont intérêt à une offre surabondante de films fortement médiatisés. La qualité des films compte moins alors que leur visibilité ou leur budget de promotion.

    Le rapport (qui se garde d'opposer caricaturalement les “bons” films d'auteur aux “mauvais” films commerciaux) démonte le mécanisme redoutable et pervers qui entraîne une uniformisation de l'offre. Parmi les principaux motifs d'inquiétude :

    • La perte d'influence du producteur, au profit, notamment, des chaînes de télévision. Ces dernières financent en partie le cinéma (la loi les y contraint) mais privilégient des “produits” susceptibles de satisfaire l'audimat (et de rafler les recettes publicitaires afférentes) lors de leur diffusion cathodique. A la limite, peu importe la qualité du film et son destin commercial lors de son exploitation en salles…
    • La bipolarisation dramatique dans la production. D'un côté d'énormes budgets, en constante augmentation, alloués à des films la plupart du temps ultra-prévisibles. De l'autre des financements minimaux pour des fictions vouées de ce fait à la ghettoïsation. Au “milieu” -là où se niche la diversité- des films ambitieux à vocation populaire qui souffrent (pour les budgets moyens -4 à 7 millions d'euros- seulement 19 films produits en 2006, contre 49 en 2004).
    • Le formatage des scénarios, lié aux diktats télévisuels et à l'autocensure qui en découle :

    “Il faut écrire des films qui puissent être financés par les télévisions si l'on ne veut pas prendre le risque de devoir soit abandonner son projet, soit le tourner dans des conditions qui le mettent en péril.

    ‘D'une certaine façon, les télévisions n'ont même plus à intervenir frontalement sur le scénario. La beauté du système, sa puissance, réside même en cela : dans la majorité des cas, les réalisateurs et leurs producteurs, ont intégré tout ou partie de leurs demandes implicites dès la conception du film.’ (p.35)

    • Selon le même principe de l'uniformisation, la prédominance sur les écrans d'une poignée de comédiens jugés ‘incontournables’ par les décideurs et donc systématiquement privilégiés. (‘La liberté totale de casting est devenue en France une exception.’, p.41). Corollaire : le rôle prépondérant des agents (‘plus difficiles à joindre que les artistes qu'ils représentent’), faisant parfois la pluie et le mauvais temps dans le métier.
    • La précarisation (voire la paupérisation) dont souffrent de très nombreux scénaristes, maillons pourtant essentiels dans la fabrication des films.

    Les mesures pour remédier à cette situation

    Ils proposent treize mesures pour remedier à cela. En voici quelques unes :

    1. L’intégralité du Fonds de Soutien Automatique Production généré par un film revient au seul producteur délégué.

    2. 7,5% de ce Fonds de Soutien est réservé à l’écriture.

    3. Modification du barème de répartition du Fonds de Soutien Automatique production.

    4. Doublement de la dotation de l’Avance sur Recettes et réforme des collèges.

    5. Majoration de 25% du Fonds de Soutien Automatique Distribution pour les distributeurs investissant un Minimum Garanti dans les films agréés français produits sans chaîne de télévision coproductrice.

    6. Suppression du Fonds de Soutien Automatique Distribution pour les sociétés adossées à un diffuseur.

    Les membres du club des treize sont : Cécile Vargaftig (scénariste), Jacques Audiard, Pascale Ferran, Claude Miller (cinéastes), Denis Freyd, Arnaud Louvet, Patrick Sobelman, Edouard Weil (producteurs), Fabienne Vonier (distributrice), Stéphane Goudet, Claude-Eric Poiroux, Jean-Jacques Ruttner (exploitants), François Yon (exportateur).

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Février 2010 à 14:27
    Les mesures proposées semblent bien modestes (et peut-être un peu corporatistes ?) par rapport à l'ampleur du problème décrit par le Groupe des 13...
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